Alternance : les recettes d’un partenariat réussi

L’alternance s’est développée de manière significative ces dernières années dans l’enseignement supérieur. Longtemps décriée, elle est aujourd’hui présentée comme un vrai tremplin vers l’emploi. Quelques conseils pour optimiser le montage de ces formations au sommaire de la lettre Interface.

L’alternance, un sésame pour l’emploi ? C’est ce que semble penser Geneviève Fioraso, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, qui souhaite passer de 7% d’étudiants en alternance dans l’enseignement supérieur à 17% à l’horizon 2020, soit un étudiant sur six. Un projet ambitieux.

Depuis la loi Séguin de 1987 et son ouverture à l’enseignement supérieur, l’alternance a connu une croissance significative, à savoir, 28,6% des contrats d’apprentissage enregistrés en 2011 visaient des diplômes de l’enseignement supérieur (niveau III à I) contre 24,8% en 2009. En apprentissage ou sous contrat de professionnalisation, l’alternance permet à l’étudiant de cumuler une expérience en entreprise sous statut salarié, avec une formation débouchant sur un diplôme, le tout moyennant rémunération. Un vrai plus pour les jeunes, en particulier ­issus de milieux modestes.

Du côté des universités ou des écoles, la formule présente aussi de nom­breux avantages : garder dans leurs filets des jeunes rétifs aux études, démocratiser les formations et améliorer le taux d’insertion professionnelle. Les étudiants passés par l’alternance décrochent plus facilement un emploi que leurs camarades ­issus des filières classiques, leur première expérience en entreprise jouant pour eux. Ainsi, ­selon les chiffres de l’Apec (Association pour l’emploi des ­cadres), sur les 83% d’alternants de l’enseignement supérieur qui ont été recrutés au dernier trimestre 2011, 58% ont signé un CDI contre 48% chez les non-alternants (1). Du côté des entreprises, les intérêts sont réels. Les cours sont – presque – taillés sur mesure à leurs ­besoins, et même si la période n’est pas à l’euphorie, ces jeunes, formés à leur culture et leurs ­savoir-faire, constituent un ­vivier dans lequel elles n’hésitent pas à puiser.

Si l’alternance est une obligation légale pour les sociétés de plus de 250 salariés (4% de leur effectif en alternance), sous peine de surtaxe, elle permet plus largement de développer des politiques de diversité. « Il est toujours bien vu pour une ­entreprise implantée sur un territoire d’embaucher des jeunes en alternance. Cette démarche ­valorise son image », remarque Guy Bories, directeur du Centre de formation universitaire en apprentissage EVE (Évry-Val d’Essonne).

Malgré tout, certains peinent à franchir le pas. Pour des raisons économiques d’abord : « Elles n’ont pas toujours la visibilité ­suffisante pour recruter, surtout en période de crise », analyse Hubert Dupon, directeur du groupe Icoges, l’école de BTS de formation en alternance en Île-de-France. En 2012, le nombre de contrats d’apprentissage enregistrés du 1er janvier au 31 décembre a augmenté de 1% par rapport à 2011 tandis que les contrats de professionnalisation ont diminué de 8,6% (source ministère du Travail).

Le frein est aussi culturel. Dans l’imaginaire collectif, l’alternance est parfois encore associée aux CAP ou aux BEP plutôt qu’aux licences et aux masters très prisés par les entreprises. Parmi les autres obstacles, les entreprises n’hésitent pas non plus à invoquer le coût du temps investi pour former des alternants – notamment dans les PME – et la lourdeur du dispositif administratif… Le fait que formation et entreprise continuent trop souvent de se côtoyer sans se connaître, ainsi que l’hétérogénéité de l’offre de formation en matière d’alternance selon les régions et les ­filières, ne facilitent pas non plus les choses. Il est pourtant possible de monter des partenariats fructueux, à condition de ne pas brûler les étapes et de choisir une stratégie adaptée à son profil.

(1) « L’alternance dans l’enseignement supérieur », APEC, septembre 2011.

Source