Depuis 2012, les salariés en insertion du garage social réparent les véhicules pour aider les autres

Le garage social de Bellerive-sur-Allier emploie dix salariés en insertion. Ils entretiennent chaque mois quinze voitures de personnes en difficulté, tout comme eux.

Sandrine tend son devis à Guillaume. La note est salée : 976,94 euros pour faire réparer cette ancienne Clio de La Poste qui affiche 214.530 km.

Il y a un soufflet de cardan à changer, les deux phares, les quatre pneus, les bougies de préchauffage, le thermostat et l’huile de boîte.

Sans travail depuis trois ans après un licenciement, Guillaume est en fin de droit. Touchant à peine plus de 450 euros par mois, autant dire que ce devis est pour lui insurmontable. Et encore, on ne lui compte que le prix des pièces. La main-d’oeuvre est « offerte ».

À la recherche d’un travail, et parce qu’il doit transporter sa fille après une séparation, il doit avoir une voiture correcte. Les services sociaux l’ont donc envoyé au garage social SAS Avenir, à Bellerive.

Il est arrivé en matinée avec sa Clio jaune. Il avait la prescription obligatoire donnée par les assistants sociaux.

« Si ce devis est validé par le prescripteur et le Conseil général de l’Allier, les réparations seront prises en charge, explique Thierry Laplace, encadrant technique au garage social. Si le Conseil général ne donne pas son accord, on ne facture que les pièces et on propose des facilités de paiement. » On est dans un garage social avant tout. Social pour les gens en difficulté qui veulent faire réparer leur voiture mais solidaire également pour les personnes en galère d’emploi.

Dans le garage de l’association Avenir, Thierry Laplace encadre en effet des personnes en insertion. « Nous ne sommes pas là pour en faire des mécanos. Nous sommes là pour les accompagner et les aider à travailler sur leur projet personnel ». Ce ne sont peut-être pas des rois de la mécanique, mais toujours est-il que la voiture de Guillaume a été contrôlée par Véronique, Soiyarta et Sébastien sans que Thierry Laplace n’intervienne.

Soiyarta a laissé tomber le montage de pneu qu’elle effectuait avec Sébastien, qui assurait le remontage des roues, pour aller faire le diagnostic de la Clio avec Véronique.

« Les deux phares avant sont cassés », signale Sébastien avant de démonter les roues arrières pour vérifier l’état des mâchoires de frein. « C’est OK ! »

Et puisque le tambour de frein est démonté, le jeune homme en profite pour passer un coup de soufflette pour chasser la poussière noire.

« J’avais mis l’école de côté. Mais je me suis repris en main »

Comme le garage social touche à des organes de sécurité comme les freins, l’encadrant est forcément un professionnel, comme le demande le conseil national des professions de l’automobile,

Thierry Laplace a eu son propre garage durant quinze ans avant de choisir de se diriger vers la formation. « Ca me plaît d’aider les gens. Quand on voit le résultat, c’est motivant, très enrichissant. Les salariés savent nous le rendre. Je ne regrette pas », explique Thierry qui met en avant le parcours de Sébastien.

Ce jeune homme de 23 ans va quitter le garage le 1 er octobre pour rejoindre une entreprise de BTP où il a fait un stage d’immersion. Un stage où il a fait très bonne impression puisque le patron veut l’embaucher.

« Avant, je ne faisais rien. J’avais mis l’école de côté, avoue Sébastien, rentré au garage social en mai 2013. Mais je me suis repris en main. Ici, j’ai appris des notions de mécanique, je me suis amélioré pour aller vers les autres et faire des démarches administratives. »

Capable désormais de changer une courroie de distribution ou des injecteurs, Sébastien espère bien s’acheter une voiture qu’il bricolera lui-même. Pour aller au boulot.

Denis Lorut

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