Emplois d’avenir et contrats d’apprentissage: pas de concurrence d’après l’Institut Bertrand Schwartz

D’après une étude provisoire de l’Institut Bertrand Schwartz, dont les premiers éléments ont été publiés le 15 septembre 2014, il n’y a pas de concurrence entre les emplois d’avenir et les contrats d’apprentissage. Les premiers ciblent avant tout l’emploi, alors que l’apprentissage facilite l’acquisition d’un diplôme.

La concurrence présumée entre les emplois d’avenir et les contrats d’apprentissage n’existe pas. C’est la conclusion à laquelle aboutit l’Institut Bertrand Schwartz, après une étude réalisée en 2013 et 2014, dont les premiers éléments ont été publiés le 15 septembre 2014.
Le dispositif des emplois d’avenir, lancé en octobre 2012, cible prioritairement les jeunes sans qualification, dans le secteur non marchand. Au total, près de 140.000 jeunes en ont bénéficié à ce jour, le plus souvent avec l’aide des missions locales qui sont chargées des prescriptions et du suivi du dispositif.
Parallèlement au développement de ce dispositif, les contrats d’apprentissage ont pour leur part subi une forte diminution (- 8% en 2013, – 14% durant les cinq premiers mois de 2014). Un phénomène qui a amené à se poser la question de la concurrence entre les deux dispositifs.
Pour l’Institut Bertrand Schwartz, les objectifs des deux sont très différents. D’un côté, les contrats d’apprentissage ont pour objectif l’acquisition d’une qualification professionnelle reconnue, du CAP au diplôme d’ingénieur. Il s’agit d’acquérir un métier, d’obtenir un diplôme. Les jeunes ayant signé un emploi d’avenir sont quant à eux positionnés sur un parcours de formation visant l’acquisition de nouvelles compétences et l’adaptation au poste de travail. L’objectif principal est l’emploi ou la pérennisation de l’emploi. « L’accès à la formation, l’accompagnement et le tutorat sont des dimensions essentielles de l’emploi d’avenir mais elles sont mises en oeuvre pour favoriser le maintien des jeunes dans l’emploi et leur professionnalisation, plus que dans un objectif diplômant », précise l’étude. Les emplois d’avenir s’adressent donc surtout à des jeunes non demandeurs de formation qui recherchent directement un emploi.
Les profils des bénéficiaires sont eux aussi différents. Les jeunes recrutés dans le cadre d’emplois d’avenir sont souvent peu, voire pas qualifiés, mais ils ont souvent une expérience de travail (intérim, CDD courts, travail saisonnier, travail informel). « Plusieurs étaient passés par l’apprentissage, certains avaient abandonné, d’autres avaient obtenu un CAP ou un BEP souvent dans un secteur où ils ne trouvaient pas d’emploi », détaille le document. 80% d’entre eux n’ont pas le bac, et 42% n’ont aucun diplôme. Par ailleurs, ils sont souvent plus âgés (22 ans en moyenne) que la majorité des apprentis. La plupart des apprentis ont en effet entre 16 et 20 ans et entrent en apprentissage en fin de troisième, dans l’objectif de se former.

Des secteurs d’activités différents

Même contraste au niveau des secteurs d’activités. Les emplois d’avenir sont en grande partie conclus avec des collectivités territoriales et des associations à but non lucratif. 80% des jeunes ont signé un emploi d’avenir dans le secteur non marchand, première cible de ces emplois.
29% des emplois d’avenir sont signés dans le secteur public et 21% dans le secteur médico-social. En revanche, « les activités de restauration (5,7%), de la construction (3,2%) ou du commerce, réparation d’automobiles ou de motocycles (3,9%) sont peu représentées », détaille l’étude.
Les contrats d’apprentissage sont quant à eux davantage signés dans le secteur marchand, dans le domaine de l’alimentation, du commerce de détail, du bâtiment et des travaux publics, de l’hôtellerie-tourisme, des services à la personne et de l’automobile.
Pour l’Institut Bertrand Schwartz, il faut chercher ailleurs les raisons de la baisse actuelle des contrats d’apprentissage. La situation économique, la prudence des très petites entreprises, en particulier face aux incertitudes, peuvent en effet expliquer cette chute. L’annonce de la suppression de la prime à l’apprentissage pour les entreprises de plus de dix salariés a également joué un rôle d’après l’institut. Le gouvernement a en effet supprimé cette prime en 2013, pour la remplacer quelques mois plus tard par une nouvelle prime destinée uniquement aux entreprises de moins de onze salariés. « Pour mémoire, en 2011 et 2012, le nombre des contrats a augmenté de 2,5%, une hausse qui tient essentiellement aux entreprises employant au moins cinquante salariés dans lesquelles les entrées ont augmenté de 11% et qui concentraient alors 23% des nouveaux contrats », souligne le document. Reste à savoir si le nouveau geste du gouvernement (élargissement de la nouvelle prime aux entreprises de moins de 250 salariés et pour tout nouvel apprenti) saura inverser la tendance.
En conclusion de l’étude, l’Institut Bertrand Schwartz précise que les employeurs voient davantage une concurrence entre les contrats d’apprentissage et les contrats de professionnalisation, notamment dans le secteur médico-social. Certaines entreprises profitent quant à elles des emplois d’avenir pour remplacer des contrats saisonniers ou intérimaires. Des « effets d’aubaine » contre lesquels les missions locales luttent.
Les résultats de l’étude de l’institut seront finalisées en octobre 2014 et présentées dans le cadre de réunions nationales de restitutions et de débats.

Emilie Zapalski

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