Quartiers : des études d’actualité sur l’insertion professionnelle des jeunes diplômés issus des quartiers prioritaires semblent s’imposer

Les chiffres donnent fréquemment lieu à débat. Une illustration en est apportée par la récente enquête du CEREQ portant sur « l’insertion des jeunes issus de quartiers sensibles »[1] qui semble poser plusieurs problèmes.

Le premier problème, récurrent aux enquêtes « Génération » et à leur exploitation, est de traiter de chiffres a priori « scientifiques » mais déjà anciens. Les plus récents portent sur la situation en 2010 de jeunes des jeunes sortis des études en 2007, alors que nous sommes en 2013… La sortie des jeunes avant la crise de 2008 est fort différente de la situation à ce jour. L’évolution du marché de l’emploi a été forte. Les résultats apparaissent donc dans une certaine mesure comme « historiques ».

En second lieu, le choix de l’échantillon est discutable. Ne prendre que des jeunes, domiciliés dans les quartiers à la fin de leurs études, introduit un biais. Beaucoup de jeunes nés dans ces quartiers habitent ailleurs à la fin de leurs études supérieures, par exemple en résidence universitaire ou en colocation en ville. D’autre part, le nombre de jeunes résidant dans les quartiers à la sortie de leurs études sur lequel porte l’étude n’est pas précisée.

Une fois de plus, la catégorisation des jeunes ayant « 25 ans au plus » » écarte de l’enquête les jeunes de plus de 25 ans. C’est à dire une part importante des primo demandeurs d’emploi diplômés. Cette « absence » a d’autant plus de poids dans les quartiers que l’accès au diplôme intervient en moyenne avec deux ans de décalage par rapport à la moyenne. La proportion de jeunes diplômés échappant à cette étude est importante.

L’absence d’analyse de l’insertion de la catégorie des jeunes « titulaires du bac » (en majorité de bacs technologiques ou professionnels) est regrettable. Car, d’une part, comme le montre ce document cette population est plus nombreuse dans les quartiers que dans la moyenne et d’autre part l’on sait que les titulaires du seul bac sont plus touchés par les difficultés d’insertion professionnelle que les titulaires de CAP ou de BEP, eux aussi diplômés du secondaire.

Enfin, comme dans d’autres enquêtes, le critère du taux d’emploi à trois ans ne rend pas compte de la réalité de l’adéquation entre le projet professionnel du jeune et l’emploi occupé. La qualité des emplois a une importance relative pour les « sans qualification » mais ce critère est primordial pour les diplômés du supérieur. La proportion de jeunes diplômés en situation de déclassement est importante.

D’autres études seraient utiles pour approcher la réalité sociale, la plus à jour, des conditions d’insertion professionnelle des jeunes diplômés issus des quartiers prioritaires.

 Contact : Daniel LAMAR – lamar(at)afij(point)org


[1] BREF du CEREQ – n° 309 avril 2013 Insertion des jeunes issus des quartiers sensibles : les hommes doublement pénalisées.

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