L’industrie recrute des apprentis en « dix minutes »

Maintenance, chaudronnerie, métallurgie… Il y a du travail dans l’industrie pour les jeunes. Ils avaient dix minutes pour convaincre les employeurs, et obtenir un contrat en alternance.

Reportage

Journée particulière à l’Association de formation professionnelle de l’industrie (Afpi) de Nantes. Les futurs élèves avaient rendez-vous, la semaine dernière, avec des recruteurs pour tenter de décrocher un contrat d’apprentissage, ou de professionnalisation, dans les métiers de l’industrie. L’opération, baptisée « Speed Alternance » n’a rien d’un rendez-vous amoureux – speed dating. Si ce n’est le temps imparti: Ils ont dix minutes pour séduire.

Les recruteurs sont disséminés, selon leur filière, dans les ateliers du centre : chaudronnerie, mécanique, maintenance, aéronautique. Les machines sont à quelques pas. Et les élèves en formations croisent ceux désireux de l’être, CV à la main.

« Il est 16 h 06 et je suis très satisfait », lance Yves Rialland, gérant d’une entreprise de chaudronnerie, basée dans le Morbihan. En deux heures, 19 candidats sont passés à la table du patron. Parcours scolaire, projet professionnel, qualité et défaut, les professionnels interrogent scrupuleusement les élèves en quête de contrat.

« On m’a demandé si je connaissais les horaires de la métallurgie », rapporte Thomas, 19 ans. Le garçon vient d’enchaîner quatre entretiens. Et a eu le coup de foudre pour deux boîtes. « Écoeuré » par un bac professionnel en restauration hôtellerie, le garçon s’est intéressé à la métallurgie par le bouche à oreille.

Profils atypiques acceptés

Comme Thomas, ils sont un certain nombre à se réorienter dans ces filières, grandes pourvoyeuses d’emploi. Des profils « atypiques » qui tapent dans l’oeil des recruteurs. « Un jeune de 15 ans ne sait pas toujours ce qu’il veut. Alors qu’un garçon qui a connu plusieurs expériences a déjà une certaine idée de la vie », analyse Gwénaël Merrieau, responsable d’une unité d’usinage à Besné.

Devant la salle allouée aux métiers de la chaudronnerie la mécanique se grippe: les élèves sont nombreux. Ça bouchonne. C’est bon signe pour Yves Rialland. « D’ici à dix ans, une partie de nos salariés va partir à la retraite. On est inquiet. Il y a de moins en moins de chaudronniers », constate le gérant. « Mais grâce à des journées comme celles-ci, on se dit qu’on va y arriver. »

Xavier PENNEC.   Ouest-France  

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