Les bons et les mauvais dispositifs dans l’Union

Les pays qui disposaient d’un solide système d’insertion professionnelle avant la crise résistent bien mieux que la moyenne.

Au nord, l’efficacité des dispositifs d’insertion sur le marché du travail

L’Allemagne, l’Autriche et les Pays-Bas sont les champions de l’emploi des jeunes en Europe. Si la faiblesse du taux de chômage global s’explique d’abord par la bonne tenue de l’économie, le chômage des jeunes a également bien résisté notamment grâce aux dispositifs structurels en place avant la récession de 2008. « La combinaison de l’expérience professionnelle et de l’éducation constitue un facteur majeur », explique Marius Wilk, expert à l’Agence autrichienne pour l’emploi (AMS). De fait, l’Autriche favorise depuis longtemps l’apprentissage en alternance, une formule que choisissent près de la moitié des jeunes dès 15 ans. «  Ici, comme en Allemagne, les écoles ont un lien très étroit avec les entreprises et le monde de l’économie », poursuit Marius Wilk, qui cite par exemple l’obligation pour les lycéens d’effectuer plusieurs stages en entreprise. En complément de ce système en place depuis plusieurs décennies, l’Autriche a pris plus récemment des mesures additionnelles visant spécifiquement les jeunes laissés à l’écart. En 2001 a été instaurée une garantie permettant à tout jeune apprenti qui ne trouve pas de place en entreprise de rejoindre un centre d’apprentissage public.

Ce type de dispositif existe à plus grande échelle en Finlande, qui a lancé en 1996 un programme garantissant une formation ou une expérience professionnelle à toute personne de moins de 25 ans dès son inscription au chômage ou sa sortie du système éducatif. Résultat : le taux de chômage des jeunes Finlandais a été divisé par deux entre 1993 et 2007. Réunis la semaine dernière à Bruxelles, les dirigeants européens ont choisi d’adopter collectivement ce modèle, en annonçant le déblocage de 6 milliards d’euros destinés à financer une « garantie pour la jeunesse ». La répartition de cette enveloppe sera débattue aujourd’hui à Berlin.

Au sud, l’incertitude des plans d’urgence

Apprentissage, garantie jeunes : de fait, ces dispositifs sont très peu développés dans les pays où le chômage des jeunes atteint aujourd’hui des sommets. D’où le scepticisme qui plane sur les plans d’urgence annoncés dans les Etats les plus en difficulté. En Espagne, au Portugal et plus récemment en Italie, les gouvernements ont annoncé des programmes appuyés sur des aides directes ou des allégements fiscaux destinés aux entreprises, qui rappellent les emplois d’avenir en France. «  Le problème de ces mesures, c’est que leur effet est limité dans le temps. Une fois que les charges reviennent à la normale, les jeunes sont les premiers à être licenciés », prévient Ekkehard Ernst, chef économiste à l’Organisation internationale du travail (OIT) pour qui l’enjeu premier est d’empêcher ceux-ci de s’éloigner du marché du travail.

A la Commission européenne, on appelle ces pays à s’attaquer à des réformes de long terme pour développer la formation professionnelle et l’apprentissage, mais aussi améliorer les services publics de l’emploi. Surtout, on insiste à nouveau sur l’aspect structurel de ces réformes. Exemple : «  l’apprentissage fonctionne lorsqu’il est pensé comme un tremplin pour l’emploi et s’accompagne d’une vraie formation », avertit-on à Bruxelles. Pas lorsqu’il est conçu pour contourner les rigidités face à une mauvaise conjoncture, en faisant appel à un jeune parce qu’il coûte moins cher.

L. H., Les Echos

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